Cuisine sans gaz
— Shama, Eman, Sarah et Ahmad
Ce texte fait partie d’une série de textes écrits par Shama, Eman, Sarah et Ahmad qui sont des étudiants gazaouis d’Academic Solidarity With Palestine en Français. Ils ont un niveau A2 et les cours ont lieu en ligne à cause de la guerre menée par Israël contre la bande de Gaza. Les étudiants ont voulu les écrire pour être entendu en France et pour que les gens se rendent compte de ce qu’ils vivent au quotidien. Ceux-ci ont d’abord été lus sur Radio Pastel Roubaix 99.4 FM.
Le texte présent a été écrit en octobre 2025.
Nous sommes étudiants en français et nous vivons à Gaza ou en exil au Caire. Nous faisons nos cours avec Academic Solidarity With Palestine par internet. Nous voulons que le monde puisse savoir ce que nous vivons et nous écoute. Nous faisons cette émission de radio pour que les français comprennent que la vie ici est extrêmement difficile et nécessite une intervention internationale urgente pour la paix. Nous vous parlerons de bien des sujets et aujourd’hui nous parlons de la cuisine sans gaz.
Avant la guerre il y avait beaucoup de gaz disponible et il n’était pas cher. On achetait une bouteille pour cuisiner et elle coutait environ 16 euros.
Au début de la guerre Israël a empêché le gaz de rentrer dans Gaza et a fait un blocus très très dur et a déclaré vouloir rendre à Gaza son état d’il y a 100 ans. Donc au début, il y avait encore du gaz mais il était de plus en plus cher. Après quelques mois, il coutait 300 euros la bouteille mais comme Israël considère que le gaz est un luxe pour les gazaouis, maintenant, il n’y en a plus du tout.
Les gens cuisinent donc sur le feu. Mais c’est très difficile parce qu’il n’y a pas de bois. On prend tous les meubles en bois : les tables, les bureaux des écoles, les portes. Il n’y avait pas beaucoup d’arbres dans Gaza et maintenant, avec les bombardements et le besoin de bois, il n’y plus aucun arbre. En plus, les chars roulent toujours sur les arbres. Le résultat est que maintenant, les gens doivent allumer le feu avec du plastique ou des vêtements, et c’est très dangereux.
Cela provoque des maladies pour les gens fragiles : les bébés, les vieux, les femmes qui cuisinent. Les dommages aux poumons et au cœur sont nombreux parce les fumées du bois, du plastique, du polyester, sont toxiques et les gens qui respirent ces fumées sont essoufflés.
De plus, il y a souvent des projections de matières brulantes qui provoquent des brulures graves et les inhalations provoquent des brulures sur la bouche et le nez. Les brulures du plastique en particulier sont très dangereuses parce que le plastique colle à la peau. Les mains des femmes, qui cuisinent chaque jour, sont toujours brulées parce qu’il n’y a pas de moyen de se protéger du feu.
On utilise aussi une boite de lait en métal pour bébé pour fabriquer un petit poêle. On prend la boite, on la perce et on peut faire chauffer une petite chose comme une théière avec peu de bois ou des feuilles.
Cette situation montre la résilience du peuple de Gaza, même sans gaz, sans électricité, sans ressources, il trouve moyen de survivre et partager un repas ensemble. Mais nous avons le droit de vivre une vie normale et décente : Comme tout, les écoles, les vêtements, les maisons, les générateurs d’électricité, la nourriture, l’eau, la vie doit revenir à Gaza ! Nous voulons vivre sans peur du retour de la guerre.