Trouver de la nourriture à Gaza
— Shama, Eman et Ahmad
Ce texte fait partie d’une série de textes écrits par Shama, Eman et Ahmad qui sont des étudiants gazaouis d’Academic Solidarity With Palestine en Français. Ils ont un niveau A2 et les cours ont lieu en ligne à cause de la guerre menée par Israël contre la bande de Gaza. Les étudiants ont voulu les écrire pour être entendu en France et pour que les gens se rendent compte de ce qu’ils vivent au quotidien. Ceux-ci ont d’abord été lus sur Radio Pastel Roubaix 99.4 FM.
Le texte présent a été écrit en septembre 2025.
Nous sommes étudiants en français et nous vivons à Gaza ou en exil au Caire. Nous faisons nos cours avec Academic Solidarity With Palestine par internet. Nous voulons que le monde puisse savoir ce que nous vivons et nous écoute. Nous faisons cette émission de radio pour que les français comprennent que la vie ici est extrêmement difficile et nécessite une intervention internationale urgente pour la paix. Nous vous parlerons de bien des sujets et aujourd’hui nous parlons de comment trouver de la nourriture à Gaza.
Pendant la guerre à Gaza l’accès à la nourriture est devenu l’un des plus grands défis. L’occupation empêche l’entrée de nourriture venue de l’extérieur.
D’abord il faut dire que depuis 1948 et la Nakbah, Israël occupe la Palestine et donc, il n’y a plus d’argent palestinien : nous payons en monnaie israélienne : le shekel. 4 shekels pour 1 euro environ, les prix donnés ici en euros sont donc à multiplier par 4 les avoir en shekels.
Sur les marchés, la nourriture est devenue très très chère et on ne trouve ni légumes ni de fromage : les lentilles coutent maintenant 11 euros le kilo contre 1 euro avant la guerre. Quelques fois on peut trouver des tomates parce qu’il y a encore quelques paysans dont les terres n’ont pas été bombardées. Mais le prix est 50 euros le kilo, c’est 30 fois plus cher qu’avant la guerre. Les aubergines sont à 13 euros le kilo, c’est dix fois plus cher qu’avant la guerre.
Souvent la nourriture n’est pas fraiche parce que mal conservée : il n’y a plus d’électricité ou beaucoup de coupure et la chaine du froid est impossible à garder. Résultat : les gens tombent malades, ils ont mal au ventre, ils font des allergies ou même parfois plus grave.
Il est extrêmement difficile de trouver de la farine pour faire du pain, qui est la base de la nourriture palestinienne. Quand on en trouve, elle est périmée et il y a des bêtes dedans. Il est absolument impossible de trouver de la viande ou du poisson. Nous habitons au bord de la mer mais l’armée israélienne interdit la pêche. On ne trouve pas non plus de fruits ou de pomme de terre, de thé, de café, de chocolat, de chips, de sucre, de sel. On trouve parfois du riz mais il est hors de prix.
L’aide humanitaire, bien que très limitée par l’armée israélienne, est devenue la principale source de survie pour beaucoup même si les seuls d’accès à cette aide sont devenus des lieux de mort car les soldats tirent sur les gens venus chercher cette aide.
De nombreuses familles ne font qu’un repas par jour à cause du manque de nourriture et du manque d’argent. Les gens sont malnutris, ils ont des carences en vitamines et autres. Il y a des morts, spécialement chez les personnes déjà fragiles, les enfants, les personnes âgées, les personnes malades.
Pour cuisiner, il n’y a plus de gaz et les gens doivent chercher dans les décombres des habitations ou des champs bombardés par Israël. Cela est très dangereux parce qu’il peut y avoir des bombes non explosées ou parce que les immeubles peuvent s’effondrer sur les gens qui cherchent du bois. On casse aussi tous les meubles en bois pour pouvoir cuire une soupe de lentille. Il faut aussi parler de l’eau : il en faut pour cuisiner. Il n’y en a pas beaucoup, il faut faire des kilomètres pour en trouver un peu. Cette eau n’est pas potable mais nous la buvons et nous cuisinons avec parce que nous n’avons rien d’autre.
A Gaza, la faim est devenue une arme de guerre, et le monde doit agir.
Shama, Eman et Ahmad